La ville de Bertoua, la réserve du Dja, le Parc national de Lobéké, le village de pygmées de Mayos sont les premières destinations que nous survolons ici dans le cadre d’un rapide survol de la région du soleil levant.
Limitée au nord par l’Adamaoua, à l’est par la RCA, au sud par la République du Congo et à l’ouest par les provinces du sud et du Centre, la région de l’Est est peuplée, entre autres tribus, par les pygmées, premiers habitants de la région qui s’adonnent à la cueillette, au ramassage et à la chasse. L’Est du Cameroun est une aire écologique où on trouve environ 1500 essences végétales dont certaines sont protégées, ainsi que plus de 500 espèces animales qui peuplent surtout la réserve du Dja, déclarée Patrimoine Mondial de l’Humanité. Ces atouts sont autant d’opportunités pour l’écotourisme, pour le tourisme cynégétique, pour le safari photo et pour l’aventure. Ici existent une demi-dizaines d’aires protégées : le parc national de Deng Deng, le parc national de la Lobéké, le parc national de Boumba Beck, le parc national de Nki et la réserve de biosphère du Dja, patrimoine mondial de l’UNESCO. Les parcs de l’Est sont caractérisés par des clairières et des tours d’observation d’où on peut observer les animaux et les oiseaux tout en prenant des photos.
Située à 350 kilomètres de Yaoundé, la ville de Bertoua dans le département du Lom-et-Djérem est le chef-lieu de la région de l’Est, la plus grande région forestière du Cameroun. Principal pôle de développement de la région, Bertoua où le climat est subtropical est une cité arrosée par le Djadombe avec quatre saisons : une grande saison sèche (de décembre à mi-mars), une petite saison de pluies (de mi-mars à mi-mai) et une grande saison de pluies (de mi-septembre à novembre).
Créée en 1950, la Réserve de faune du Dja est encerclée par le fleuve Dja qui en forme la limite naturelle. Cette réserve est connue pour sa biodiversité et pour la grande variété des primates qui y vivent. D’une étendue estimée à près de 526.000 hectares, la réserve du Dja est l’habitat de multiples espèces animales : éléphants, gorilles, chimpanzés.
La population de Pygmées Baka qui opère dans cette région mène un genre de vie relativement traditionnel et confèrent au site une valeur culturelle reconnue. L’agriculture traditionnelle est leur principale activité économique et la chasse est le moyen d’approvisionnement le plus usité.
A l’extrême Sud-est se trouve le Parc National de Lobéké, qui fait partie du bassin du Congo. Il couvre une superficie de 217.854 hectares. C’est un paysage prioritaire de conservation de la biodiversité qui regroupe, en plus du Parc National de Lobéké, les aires protégées de Dzangha-Sangha (RCA) et Nouabalé-Nkoki (Congo Brazzaville). Lobéké dispose d’un réseau de clairières marécageuses en particulier sur le flanc oriental du parc.
Les autres sites éco-touristiques e la région sont :
- Djembé, un camp basé sur les rives de la rivière Sangha, frontière naturelle entre le Cameroun, la République Centrafricaine et le Congo Brazzaville. Sur la base de Djembé, on rencontre des espèces sauvages (éléphants, gorilles, buffles, bongo et les sangliers).
- Des clairières forestières de grande superficie se trouvent dans le Parc National de Lobéké. Aussi appelées Bai, elles sont riches en salines et sont fréquentées par les buffles, les éléphants, les gorilles, les antilopes, les bongos et les sitatungas. A Lobéké, 6 clairières font l’objet d’une surveillance particulière. Ce sont les clairières de Bolo, de Djangui, de Ndangaye, de Ngoa, de Djaloumbe et la Petite Savane.
- Bolo est une clairière marécageuse située au sud-ouest du Parc. Elle est accessible à partir Mambélé (65 km par la route et 3 km de randonnée). Le sitatunga est l’espèce dominante de la faune susceptible de se trouver dans cette clairière. Les éléphants y déambulent de temps en temps pour profiter de la saline de Bolo où se retrouvent, entre janvier et juillet, des buffles et des perroquets gris d’Afrique qui y opèrent des envahissements sporadiques.
- Ndangaye est situé au nord-ouest de Lobéké. Cette clairière entièrement marécageuse est réputée pour ses sitatungas et ses sangliers. Les gorilles et les buffles complètent le tableau des visiteurs réguliers.
- Ngoa qui est la plus vaste clairière de Lobéké est aussi un point de convergence pour les espèces fauniques (éléphants de forêt, gorilles, sitatungas, singes, sangliers). Situé au nord du Parc, Ngoa est totalement inaccessible en saison des pluies.
- La Petite Savane est une clairière marécageuse qui se trouve à environ 47 km de Mambélé. Elle est régulièrement visitée par une dizaine de groupes de gorilles de plaine. Les gorilles de la Petite Savane ne peuvent être aisément observés dans la mesure où ils sont effrayés par le moindre bruit ou par les indices de la présence humaine. La probabilité de rencontrer les éléphants de forêt est forte. Parfois, ils arrivent en groupe de cinq et passent quelques temps dans la clairière. Ils y effectuent aussi des visites nocturnes. La Petite Savane est aisément accessible à partir de Mambélé. Les touristes peuvent faire 41 km en voiture et 6 km à pied. La Petite savane est équipée d’un mirador qui facilite l’observation des animaux.
- Djangui est une clairière marécageuse située au centre du Parc. C’est le lieu idéal pour les perroquets gris d’Afrique. Chaque semaine près de 200 perroquets et autres pigeons verts envahissent Djangui. Les gorilles et les éléphants aussi fréquentent cette clairière ; y compris les buffles et les singes colobes. Djangui est un véritable royaume de mammifères, de singes et d’oiseaux.
Pour y accéder : Le Parc National de Lobéké est accessible, tant par voie aérienne et fluviale que terrestre. Il se trouve à environ 824 km de Yaoundé, capitale du Cameroun. Sur ces 824 km de route, seulement 340 km sont recouverts de bitume. Le reste est une longue piste carrossable, difficilement praticable sur certains tronçons en saison de pluies. Compte tenu des difficultés d’accès à Lobéké, la délégation régionale du Mintour à l’Est recommande l’itinéraire suivant :
- Au départ de Yaoundé ou de Douala, rallier d’abord Bertoua, capitale régionale de l’Est. Cette première étape peut durer 7 heures depuis Douala ou 4 heures depuis Yaoundé.
- Une fois à Bertoua, il est possible de passer la nuit dans un des hôtels de la cité et contacter la délégation Régional du Ministère du tourisme : siège Camp Sic, téléphone (237) 22 24 16 68.
- Dès que possible, le voyage peut être poursuivi par Yokadouma dont les 300 km de distance peuvent nécessiter 7h en fonction de l’état de la route.
- Après une autre nuit sur place, il est conseillé de partir pour Mambele où existe un camp de base du WWF, du Minfof et un confort minimum. La dernière partie du trajet est longue de 200km et peut s’étaler sur 6 heures en raison du mauvais état de la route.
- C’est à partir de Mambélé que les excursions peuvent avoir lieu dans le Parc avec l’assistance des guides ou des éco-gardes.
Tarif
- 5.000 FCFA par personne et par jour,
- 2.000 FCFA par jour pour le véhicule,
- 2.000 FCFA par jour par appareil photo.
- Bungalow : 10.000 FCFA par nuit par personne.
- Location d’une tente :
- 2.000 FCFA, pour dormir en tente : 3.000 FCFA par nuit par personne.
Le Camp Kombo
Le Camp Kombo est basé à Mambélé, village situé à environ 24 km de l’entrée principale de Lobéké. D’abord une case de passage pour chercheurs, le Camp Kombo accueille maintenant les touristes en route pour Lobéké. Il est équipé de 6 bungalows avec deux lits simples chacun. Trois d’entre eux possèdent des toilettes internes. Le Camp Kombo est entouré par la forêt vierge. Il offre un cadre tranquille de réflexion et de repos. Les visiteurs, qui y sont de passage, peuvent avoir accès à l’Internet au siège des services de la conservation, situés à 3 kilomètres seulement du camp.
Le village de pygmées de Mayos
A 8 km de la route qui relie Bertoua à Yaoundé, le village des pygmées de Mayos dans l’arrondissement de Dimako est constitué de de 350 habitants, en majorité des Baka qui sont la composante plus connue sous l’appellation de pygmées. Ici vivent aussi quelques familles Bantou.
A l’esplanade du centre multiculturel de Mayos, l’Ong Plan Cameroon a, en partenariat avec la communauté baka et le gouvernement du Cameroun, érigé un musée d’art baka, une case couverte de feuilles végétales, appelée en langue locale mongulu. Le mongulu est l’habitat type des pygmées Baka. Ces huttes, contrairement à d’autres peuples de la forêt, sont construites par les femmes. Selon les croyances des Baka, elles auraient reçu ce pouvoir de leur dieu « Komba». Les techniques de construction sont ensuite transmises aux filles parce que la construction des mongulu confère à la femme Baka une place de choix dans la société. Elle peut être consultée pour la prise des décisions importantes.
Dans le cadre de la construction d’une hutte, la femme utilise des jeunes arbustes dont elle n’enlève pas toutes les feuilles. Les arbustes sont ensuite enfoncés en arc de cercle et forment la base de l’armature du mongulu, tandis que les sommets se joignent pour former une voûte. D’autres arbustes sont assemblés en quadrillage. La toiture est faite de feuilles de marantacées disposées en écailles de poisson et fixées par leurs pétioles jusqu’au sol. Le mongulu se présente comme une coupole d’à peine un mètre et demi de haut pour résister aux vents forts. On accède à l’intérieur par une porte basse dont les battants sont faits en écorce d’arbre ou de branchages. Généralement, le mongulu n’est constitué que d’une pièce où s’effectuent toutes les activités. Le feu est toujours entretenu pour chasser les insectes nuisibles et éloigner les bêtes féroces. Les huttes ne contiennent pas de meubles et les les lits sont faits de fougères étendues sur le sol. Dans le mongulu, on s’assied à même le sol.
Au centre de la hutte, il y a un foyer surmonté d’une claie qui sert à sécher la viande, le poisson ou des fruits de karité, mangue sauvage dont on extrait de l’huile de consommation.
Dans le musée d’art, on peut découvrir des objets sculptés servant pour la chasse, la cueillette et la cuisine. Il y aussi des crânes d’animaux (gorilles et chimpanzés) dont l’usage intervient dans la pharmacopée traditionnelle pour laquelle le savoir-faire des pygmées indéniable. C’est la communauté la plus ancienne, qui vit ici depuis les années 60.
TARA NYAMORO