Deux compagnons : Charles Atangana Ntsama, laïc, et Henry Vietter, missionnaire pallotin. Un itinéraire : Kribi-Yaoundé. Voici comment commença l’évangélisation du Cameroun.
Fils d’Atangana Essomba et de Judith Ndongo Edoa, Charles Atangana Ntsama est né vers 1883, à Yaoundé (Ongola). Très vite, il sera envoyé à Kribi pour y faire ses études primaires. Et c’est lors de son périple qu’il va faire la rencontre du Père Vietter, missionnaire pallotin, le premier prêtre catholique qui débarqua au Cameroun. La rencontre entre le laïc et le religieux marqua le début d’une longue histoire, très catholique. Quelques années plus tard, en effet, vers 1900, dans leur mission d’évangélisation, les pallotins, sous la conduite du Père Vietter, décident de se rendre à Yaoundé. Sur recommandation du jeune Charles, le père Vietter et ses compagnons seront chaleureusement accueillis, reçus et intégrés dans un groupe ethnique du peuple Ewondo appelé Elig-Belibi, avant de s’implanter définitivement à Mvolyé. C’est de Mvolyé qu’est partie l’évangélisation du Centre et de l’Est Cameroun.
Après l’obtention de son premier diplôme d’infirmier, le jeune Atangana Ntsama brille par son dévouement et son ambition. Il est nommé infirmier auxiliaire de l’administration allemande à Buea dans la Région du Sud-Ouest. Le décès de son père, quelques années plus tard, va le contraindre à rentrer manu militari à Yaoundé pour hériter du trône.
En 1911, Charles Atangana Ntsama est officiellement intronisé et devient de ce fait le chef traditionnel des Ewondo et des Bene avec une vie de famille bien remplie. Polygame, Atangana Ntsama a eu deux épouses : Marie Biloa (Ngon Ongola) et Marie Nga Noah. Chacune d’elles aura donné naissance à deux enfants, respectivement : Cathérine Edzimbi, Jean Atangana Essomba, René Grégoire Atangana et Marie Thérèse Atangana.
Dans ses attributs et ses fonctions de chef traditionnel, il sera contraint de quitter Yaoundé en 1914 avec le début de la première Guerre Mondiale. Comme lui, les administrateurs allemands et les missionnaires vont aussi quitter le pays.
Après la trêve, Atangana Ntsama est de retour au bercail. Mais, il sera arrêté par les colons français à Douala, puis envoyé aux travaux forcés à Dschang, dans la région de l’Ouest Cameroun.
Un mal pour un bien
Là-bas, il va faire la rencontre du Sultan Njoya, Roi des Bamoun de cette époque. Le Sultan va l’aider à revenir dans la confiance des colons français et à regagner son Yaoundé natal.
Le 1er septembre 1943, à l’âge de 60 ans, Charles Atangana Ntsama décède. Comme héritage à la postérité, au peuple Beti en l’occurrence, il léguera la foi, la détermination et le dévouement au travail. L’homme dont la statue se dresse fièrement au cœur de la capitale, Yaoundé, vit encore dans les mémoires à travers des ouvrages comme celui commis par un de ses petits-fils, Gordien Atangana, intitulé « Bouleversements socio culturels à Yaoundé sous Charles Atangana entre 1901 et 1943 ». En 112 pages, l’ouvrage retrace la vie du personnage et son impact sur la ville de Yaoundé et chez les Ewondo et Bene.
Grâce aux efforts de Charles Atangana Ntsama, le site de Mvolyé, perché sur un immense rocher (Nkol Mvolyé), a permis de préserver l’œuvre des missionnaires pallotins et des lieux dont ils ont la garde. Ce site est devenu la base de l’Église catholique à Yaoundé et au Cameroun.
BEMS