Adolf Ngosso Din, un nationaliste dans l’âme
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NGOSSO DIN

Jusqu’à leur pendaison publique, le 08 août 1914 à Douala, Rudolph Douala Manga Bell et Adolf Ngosso Din sont comme les deux visages de Janus. Le second était le secrétaire du premier. L’un et l’autre formaient un tandem inextricable et furent élevés dans le moule de la culture germanique. Leur prénom porte l’empreinte de ce trait culturel. De l’ombre à la lumière, voici le portrait inédit de l’homme de mission que fut Adolf Ngosso Din.

Adolf Ngosso Din est né à Douala en 1884, année de la signature du traité germano-camerounais par les chefs traditionnels douala. Il a grandi dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture allemandes. Il s’y est mis avec tellement d’assiduité qu’il devint très tôt fonctionnaire de l’administration coloniale. Mais, jusqu’à la fin de ses jours, il est resté fidèle à son roi dont il est devenu le secrétaire. A ce poste, il avait accès à des informations de première main, dont celles relatives aux accords signés entre le peuple douala et les allemands. Le gouvernement allemand avait pris l’engagement de respecter ces accords à la lettre, si l’on en croit un document signé par le consul impérial allemand, Emil Schulz, le 12 juillet 1884. Mais, dès qu’il obtint le traité de transfert de souveraineté, il s’empara du Cameroun en maître absolu et commença à faire subir aux locaux de pires exactions. Clandestinement, Ngosso Din embarqua à Tiko pour l’Allemagne. Sur place, il bénéficia de la collaboration des avocats Halpert et Gerlach. Il fit déclencher un vif débat au Reichstag, le parlement allemand, au sujet du Cameroun. Le gouvernement fut interpellé par les députés sur sa gestion du protectorat Cameroun et sur les mesures d’expropriation qui s’y multipliaient. La presse allemande s’en mêla et parla de scandale au Cameroun. Lorsque la police allemande l’arrête à Berlin, le 15 mai 1914, et décide de l’expédier  manu militari au Cameroun, le 24 mai, Ngosso Din avait déjà accompli sa tâche : rendre publique, au cœur de l’Allemagne, la gestion scandaleuse du protectorat Cameroun par le gouvernement allemand.

 

Exécution publique

Au moment de son exécution publique, le 08 août 1914 à Douala en compagnie de son roi, Ngosso Din avait 32 ans. C’est dire qu’il avait commencé à s’intéresser aux affaires politiques dans sa prime jeunesse. Il aura sacrifié son épanouissement personnel à l’autel de l’intérêt général.

L’extermination de Rudolph Douala Manga Bell et d’Adolphe Ngosso Din a été d’un apport important dans l’éveil de conscience des populations. Pas seulement au Cameroun, mais aussi en Afrique. C’est à la suite de ce chapitre sombre de l’histoire du Cameroun que vont naître les mouvements nationalistes. La soif de liberté va pousser les peuples africains à secouer le joug colonial et à s’en défaire.

A Douala, au Cameroun, le 08 du mois d’août, les martyrs de la liberté -de l’époque coloniale allemande- sont célébrés à travers un cérémonial traditionnel dénommé TET’EKOMBO. C’est une cérémonie organisée par les chefs traditionnels Sawa autour d’un thème choisi chaque année. Le TET’EKOMBO est célébré sur trois sites : la Place de la marine marchande à Bonanjo, le mausolée des rois à Bonanjo, et le sépulcre d’Adolf Ngosso Din au cimetière Njoh Njoh.

 

                             TIPHELLE

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