Dans le livre intitulé « Le paradis tabou » de Valère Epée, la ville de Douala porte officiellement son nom actuel depuis le décret colonial allemand du 1er janvier 1901. Toutefois, cet historien-chercheur situe les origines de Douala vers 1578 du fait d’un certain Ewale qui installa son peuple au bord du Wouri (fleuve dont l’estuaire est à Douala et dont les côtes hébergent le Port de Douala).
Or et selon d’autres livres d’histoire, au XVe après J.C, plus précisément en 1472, les explorateurs portugais découvrirent un fleuve avec une extraordinaire population de crevettes au pied du Char des Dieux (Mont Cameroun). Ils le baptisèrent aussitôt « Rio dos Camaroes » (Rivière des crevettes). Les Espagnols qui arrivèrent peu après pour déloger les Portugais adoptèrent le nom donné par les Portugais, qui se traduisit par « Rio de Camarones« .
En 1578 donc et pour rejoindre Valère Epée, un autre peuple arriva du bassin du Congo et s´installa non loin de l´Estuaire. Cette fois, les crevettes prirent le nom de « Mbeatoe« . Les nouveaux arrivants trouvèrent sur place deux autres peuples que sont les Bassa et les Bakoko.
Alfred Saker
Plusieurs explorateurs se succèderont par la suite à la fois aux larges des côtes de Guinée Equatoriale (Fernando Po) et du Cameroun, parmi lesquels l´Anglais Thomas Buxton, le Pasteur jamaïcain John Clarke et, plus tard, le Pasteur Alfred Saker qui s’établit, en compagnie de Johnson, sur les terres du Roi King Akwa à Douala, à l´endroit où se trouve aujourd´hui le Temple du Centenaire. C’est Alfred Saker qui traduira les Saintes Ecritures en langue Douala. C’est pourquoi, pour le Révérend Simon Njami-Nwandji, l´histoire de la création de Douala est liée à celle d’Alfred Saker.
En effet, le 10 juin 1845, un navire britannique débarque dans un village des Bonébéla qui allait devenir Deido, un quartier populaire de la ville. Son chef d´équipage est un jeune Anglais du nom d´Alfred Saker. Il s´offre à l´hospitalité spontanée et généreuse des habitants environnants. Ce fait apparemment banal se pose comme un acte historique fondamental à partir duquel se décidera le sort de Douala et même du Cameroun tout entier.
Visionnaire de génie, le souverain de Bonakou dont les Bonébéla sont les vassaux, saisit l´événement comme tel et l´exploite au mieux des intérêts de son peuple. Le visiteur intéressant qui débarque, ne vient pas demander l´hospitalité d´un jour pour s´en aller : il veut rester pour longtemps. La Cour Royale d´Akwa ordonne que Deido lui cède cet étranger qu´elle arrache effectivement, le 22 juin 1845. Saker, à partir de cette date, s´installe définitivement à Bonakou, et devient désormais le noyau et le centre de rayonnement de la future ville de Douala où son épouse le rejoint quelques temps plus tard.
Une portion de terrain lui est offerte sur l´esplanade dominant la berge du Wouri, dans l´actuel quartier du Temple du Centenaire. Il y construit une maison et entreprend l´édification d´une chapelle. A ce moment-là, quatre principales familles des Douala sont déjà fixées à leurs emplacements actuels avec : les Akwa, au Centre, les Deïdo à l´Est, les Bell à l´Ouest, et leurs cousins de l´autre côté du fleuve, à Bonabéri.
Saker crée la première école du Cameroun. Car en fait, la ville qu´il est en train de créer s´appelle encore purement et simplement : Cameroun. Il en sera ainsi bien longtemps après lui. Les traités Allemands-Douala seront signés à Cameroun, le 12 juillet 1884. Capitale du pays au début du protectorat allemand, de 1885 à 1900, Douala continuera toujours à porter le nom de Kamerun. C´est par décret du Gouvernement Colonial allemand que la ville sera baptisée Douala en 1901. Et c´est au cours de la même année que la capitale politique du pays changera : plutôt que Douala, ce sera désormais Buéa (1901 – 1909). Yaoundé ne deviendra enfin le siège des institutions qu’à partir de 1909.
Le développement de Douala se fait autour de l´église et de l´école, lieux de rassemblement et de brassage des populations. L´œuvre du missionnaire contribue à la réunification des clans Douala pour en faire un peuple. La première église constituée s´appelle Béthel. Baptisée en anglais, « Native Baptist Church » le premier baptême célébré par Saker dans les eaux du Wouri eut lieu le 05 novembre 1849, et le premier Camerounais baptisé fut Bekima Bile de Bonapriso, qui reçut pour nom chrétien Smith ! Le Douala est adopté comme langue nationale camerounaise et consacre les trois attributs juridiques de souveraineté : un territoire commun, une population commune, une langue commune. Le Cameroun de Saker est une ville-nation dans sa plénitude.
Le premier élève inscrit et sorti de l´école de Saker fut George Nkwe, consacré Pasteur en 1866. C´est lui qui secondera Saker dans la traduction de la Bible en Douala.
Formation des jeunes
Au fur et à mesure que se développe l´instruction, le pragmatisme anglo-saxon incite Saker à créer très tôt une école industrielle autour de 1855. Cette école donne aux jeunes camerounais une formation professionnelle sur tous les métiers courants : maçons, charpentiers, menuisiers, tailleurs, cordonniers, mécaniciens, imprimeurs, typographes, sans oublier les enseignants et bien sûr les futurs prédicateurs de l´Evangile, héritiers spirituels de Saker. En agriculture également, Saker introduit de nouvelles cultures et enseigne au peuple de nouvelles méthodes culturales.
La population de Douala s´accroît. La ville se construit et s´agrandit. Les échanges avec l´Europe s´intensifient. A l´industrie naissante dont la première grosse affaire est une briqueterie, suit le commerce. La vocation portuaire de l´agglomération s´affirme faisant très tôt de Douala, la vitrine du Cameroun. En dehors des populations autochtones, les quartiers de la ville commencent à accueillir des peuples venus d’ailleurs.
Parmi ces quartiers, il y a Akwa. Les Akwa sont issus du clan Ngie, branche cadette de l’aïeul Moulobe Ewale. C’est l’un des quartiers historiques de Douala (où vivait Alfred Saker). C’est le centre commercial de la ville. Le plateau Akwa (du nom du « King » Akwa, roi d’un clan Douala) était déjà densément peuplé au début du XIXe siècle, avant que la ville proprement dite ne soit créée.
Des quartiers à visiter
Akwa est aujourd’hui un quartier mixte à tous les points de vue: des résidences aisées côtoient des types d’habitat plus modestes, voire pauvres; d’autre part, la proximité du port a conduit au développement d’activités industrielles et commerciales, en plus de la fonction résidentielle. Akwa grouille de monde tant le jour que la nuit. Ici et là cohabitent, le jour, banques, sièges d’entreprises privées, supermarchés, vendeurs à la sauvette, hôtels de luxe, restaurants et magasins divers et variés. La nuit, le quartier cède la place aux discothèques, bistrots, casinos et petits commerces. Akwa est non seulement voisin du port de Douala, mais aussi des quartiers tels Deido, Bonanjo et Bali, entre autres.
Historiquement appelé Bonamandone, le quartier Bali est le second siège de la famille royale du clan Bell (qui règne sur Bonanjo, Bonaduma, Bonapriso, Bonassama et jadis Bonaberi) après qu’elle fût déplacée du Plateau Joss (Bonanjo) par l’administration coloniale allemande dans le cadre du projet d’expropriation qui coûta la vie au roi Rudolph Douala Manga Bell, à Adolf Ngosso Din et à de nombreux martyrs camerounais au mois d’Août 1914. Son plan en damier et ses larges rues lui donnent un petit air de banlieue européenne.
Limitrophe d’Akwa à partir du Rond-point 4ème, Deïdo est l’un des quartiers historiques et populaires de Douala. Selon le site Deido-Bonabela, les Deïdo ne sont Douala que par la mère d’Ebele, leur ancêtre éponyme. Ebele était issu de l’union d’un prince Bakossi du Sud-ouest Cameroun et d’une princesse Bonabela. Situé au centre de la ville, Deido est rendu célèbre par son rond-point et sa statue de la Liberté. Deido a pour démembrements des secteurs comme « New Deido », « Bessengue », « Bonateki », « Bonatone », « Grand-moulin » et « Bonamuti ». Il abrite notamment le collège Alfred Saker et la statue de la Liberté qui sert davantage de monument emblématique de la ville.
Jadis faisant partie de Deido et servant à l’isolement des personnes atteintes de maladies contagieuses, Bepanda (« isoloir » en Douala) est l’un des quartiers les plus populaires de Douala qui regroupe une bonne part des populations venant de l’Ouest du Cameroun. Il est particulièrement caractérisé par l’existence de secteurs aux noms assez spéciaux : « Carrefour Tendon », « Carrefour Tonnerre », « Carrefour Double-balle », « Boulangerie de la Paix », « Sans Caleçon », « Carrefour Casmando », « Bepanda peuple ».
Pour sa part, Bonabéri est le quartier situé sur la rive droite du Wouri. Il est relié au reste de la ville par 2 ponts dont le second a amélioré la vie des habitants de Bonabéri et de Douala parce qu’il fluidifie le trafic. C’est dans ce quartier, qui abrite une zone industrielle, que se sont installés un grand nombre d’industries de la ville, profitant de terrains bon marché dès le milieu des années 1980. Bonaberi est également la porte sur l’ouest du pays et c’est donc par ici que transitent les marchandises à destination ou en provenance de l’ouest et des régions anglophones. Sa position géographique fait de Bonabéri le quartier le plus bilingue de la ville grâce à sa proximité avec la région du Sud-ouest.
Bonapriso est le quartier résidentiel de Douala. De nombreux expatriés ont élu domicile dans ce quartier aisé où les rues se croisent à angle droit. On le présente généralement comme le plus beau quartier de Douala. Bonapriso fut fondé par Njo a Doo la Makongo – appelé Priso a Doo la Makongo après qu’il fut présenté aux Anglais comme le « Prince Doo la Makongo » – Prince héritier du trône du roi Doo la Makongo, écarté de la succession par son père, au profit de son jeune frère Bele ba Doo la Makongo (Bell) dont la descendance règne encore sur la grande famille Bonanjo (administrativement, le Canton Bell).
Il y construisit des villas parmi les anciens champs. La zone étant alors marécageuse, il était impossible de construire en hauteur et ainsi ne furent élevées que des villas. Bonapriso est délimité par l’avenue Charles de Gaulle, la rue Koloko, le boulevard de l’indépendance et l’usine des Brasseries du Cameroun. Il abrite un marché artisanal au lieu-dit « marché aux fleurs ». <BR
Bonanjo est le quartier administratif de Douala. Ici se retrouvent la résidence du Président de la République, du Gouverneur, les bâtiments des administrations publiques et les sièges des banques et des grandes sociétés privées du pays. Le quartier se démarque des autres par ses constructions en hauteur et l’état de la voirie. Le quartier abrite également le Consulat Général de France, le Lycée Joss (le plus ancien établissement d’enseignement secondaire de la ville), le quartier militaire (caserne et hôpital). Il est délimité par l' »Axe lourd » (nom local de la voie rapide, qui passe en plein centre de la ville), Bonapriso, Akwa et la zone portuaire.
Bonamoussadi est par contre un quartier résidentiel relativement excentré du cœur de la ville de Douala. Il est essentiellement composé de lotissements sous contrôle de la MAETUR (Mission d’Aménagement et d’Equipements de Territoires Urbains et Ruraux) et de la SIC (Société Immbilière du Cameroun). Bonamoussadi est une forme comprimée de « Bona Mouangué nu sadi » qui signifie en langue Duala « La descendance du petit Mouangué ». Avec Makepe et Kotto, c’est la zone où convergent les nouvelles classes moyennes de Douala.
New Bell est un autre quartier historique de Douala. Il est peuplé majoritairement d’une population issue des mouvements de populations internes au Cameroun : ethnies Bamiléké, Bassa, habitants du Nord, anglophones se sont mêlés dans le quartier.
Le nom du quartier est relié au clan Bell de l’ethnie Douala. Cette aire était destinée à ce clan après leur expropriation du Plateau Joss (Bonanjo) par les Allemands. L’opération de déguerpissement entreprise par les Allemands en 1913 vers le quartier New Bell a connu une violente opposition et a entrainé la mort par pendaison de Rudolf Douala Manga Bell et son homme de confiance Ngosso Din le 8 août 1914. Les Bell n’ont jamais occupé ce quartier puisque les Allemands ont quitté le Cameroun deux ans plus tard. À la suite des négociations avec les Français, les Bell s’installèrent à Bali. Le marché central s’y trouve, centre vivrier de Douala, ainsi que la prison centrale qui teinte le nom même du quartier d’une triste connotation.
La zone Bassa de Douala est celle qui fut occupée par les membres de l’ethnie « Bassa’a » dès le XVIIe siècle. La ville de Douala, qui se limitait à ses débuts aux quartiers sus cités, dut, par la force des arrivées massives des populations des autres parties du Cameroun, s’étendre vers l’intérieur, ce qui fait qu’aujourd’hui, la zone Bassa, d’abord périphérique, fait totalement partie de la ville.
Elle est limitée à l’Est par le fleuve Dibamba (qui constitue aussi, par la force des choses la frontière est de la ville), au sud par l’Axe-Lourd Douala-Yaoundé, à l’ouest par les quartiers New-Bell et Bépanda, au nord par la zone Akwa-nord. La Zone Bassa est surtout composée de quartiers populaires parmi lesquels Ndogbong, Nyalla ou Ndogsimbi. Des aménagements immobiliers y ont aussi été réalisés, ce qui a permis la construction de la Cité des Palmiers par la SIC. La zone Bassa de Douala peut aussi s’enorgueillir d’abriter le carrefour le plus grand et le plus bondé de toute la ville, au quartier Ndokoti.
Une zone industrielle y est aussi implantée, où sont installées des minotiers, des brasseries, des savonneries, etc. ainsi que le nouveau grand stade de la ville, dans le quartier de Japoma, à la sortie est de la ville. Le quartier de Yassa abrite la centrale thermique de Yassa-Dibamba, créée en 2009. La société Dibamba Power Development Company qui l’exploite, s’est engagée en 2014 à améliorer les conditions de vie des habitants, et notamment à alimenter le village en électricité.