En Bulu, la langue locale du Sud Cameroun, « Akok » signifie pierre ou rocher tandis que le vocable « kas » renvoie à un arbuste. « Ako’Kas » est par conséquent un mot composé qui signifie littéralement « le rocher sur lequel on trouve l’arbuste « . Incontournable par rapport à la cartographie touristique du cru, le rocher d’Ako’Kas est une merveille de la nature qui mérite d’être visitée.
Niché au cœur de la forêt équatoriale, le spectaculaire piton rocheux d’Ako’kass est l’une des curiosités de la Région du Sud. Pour découvrir cette merveille de la nature, il faut faire une trentaine de kilomètres après la ville d’Ebolowa, dont dix huit (18) kilomètres sur une route bitumée. Dans le village qui a donné son nom au rocher, les habitants sont des Bulu. Ici au canton Eboman I de l’arrondissement d’Ebolowa 2ème dans le département de la Mvila, une masse granitique de plus de 800 mètres de haut tutoie l’environnement et est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. Très impressionnant parce qu’il surplombe tous les grands arbres qui l’entourent, le rocher d’Ako’kas est un monument naturel qu’il faut avoir visité.
Symbole d’une présence spirituelle et naturelle, ce rocher captive toujours l’attention des touristes et les légendes qui le concernent renforcent sa réputation. Tenez, les changements visibles de cette immense masse granitique représentent un indice météorologique qui permet aux allogènes de déterminer, dès l’aube, le temps qu’il fera au cours de la journée. Ainsi, si le rocher est clair au petit matin, cela veut dire qu’il pleuvra. Par contre, si la couleur du rocher est sombre, les populations peuvent vaquer sans inquiétude à leurs occupations parce qu’il fera beau temps.
A ces faits s’ajoutent des curiosités et des interdits. Ici, les ananas, les goyaves et les pamplemousses sont autant de fruits de saison dont on ignore le cultivateur et qui ne doivent être consommés que sur le site. Les riverains et le guide touristique interdisent en effet aux touristes et aux visiteurs d’emporter ces fruits. Au dire des populations locales, il n’y a jamais eu de contrevenant parce que celui qui emporte ces fruits s’expose à la malédiction, à des malheurs voire à la mort….
A Ako’Kas, il existe aussi un endroit dénommé -en bulu- « Aba Yesus » ou corps de garde de Jésus. C’est un lieu de repos pour les touristes, pour les randonneurs, pour les alpinistes et autres curieux. C’est aussi l’endroit indiqué pour apprécier la vue panoramique de la forêt luxuriante qui s’étend à perte de vue.
Au niveau d’« Otong Kas », le ruisseau qui coule à l’entrée principale du site, l’eau sort de la roche mère. C’est le passage obligatoire pour tous les visiteurs qui sont soumis au lavage systématique des mains en guise de souhait de bienvenue, d’identification voire de purification par les ancêtres. Ce rituel est le préalable nécessaire à la montée sur le rocher parce qu’il permet de garantir aux touristes une bonne protection pendant sa visite.
En fait, ce site mythique compte deux pics dont un seul est d’accès aisé. Ne peuvent dompter les hauteurs de l’autre grand rocher que ceux qui sont d’excellents grimpeurs.
Galvanisés par Céline Mvondo, le chef du village Ako’kas, les habitants affichent un réel engouement pour le tourisme communautaire et valorisent autant que possible le patrimoine local afin de faciliter la reconnexion avec la nature. Chaque année, environ une centaine de personnes visitent Ako’kas. Selon André Thomas BENGON, Maire de la Commune d’Ebolowa 2ème, ce chiffre serait multiplié par quatre si les aménagements et les investissements déjà entamés atteignaient leur point d’achèvement. Il s’agit notamment de logements modernes pour les touristes et de l’aménagement de la piste agricole qui conduit au village. Pour le moment, une maison d’astreinte construite sur les fonds propres de la commune tient lieu de structure officielle dédiée à l’hébergement. Certaines maisons d’habitation, traditionnelles et semi-modernes disposant de commodités qui font corps avec la nature accueillent toutefois ceux qui passent la nuit sur place. Faute de restaurant, les dynamiques femmes du village proposent des repas composés de mets et de boissons du cru. Au menu, de la viande de brousse ou du poisson d’eau douce aux épices locales et des fruits de saison.
LA FORCE DU MICRO
En l'absence d'une desserte aménagée, l’accès au site, sur les pas du guide, se fait à pied. C'est alors l'occasion pour le randonneur de découvrir ce paysage qui compte diverses espèces fauniques et floristiques et d'admirer les autres attractions du site, notamment de grands arbres millénaires.
Tout au long de la balade, les pas du visiteur sont cadencés au rythme des sons primitifs : des chants et cris des différents animaux et oiseaux qui peuplent cette forêt. Aller à Ebalboum, c’est partir à la rencontre d’une nature aux charmes uniques et qui, au passage, livre ses secrets.