Les mondes visibles et invisibles chez les Ekan
«Bougez, découvrez, appréciez Camèr»
Bingono Bingono

EmoMilañ et Bekôn.
Les mondes visible et invisible chez les Ékañ : la place de l’ancêtre pour la marche vers l’émergence. En négroculture, on affirme sans embage que  » les morts ne sont pas morts. » Au contraire, de l’au-delà, ils suivent et contrôlent le quotidien des vivants dont ils contribuent au bien-être, au quotidien. Comment intelliger ceci qui pourrait passer pour une absurdité et un leurre?

Le Mvet : la Bible du peuple Ékañ

La communication, cet acte d’échange d’informations entre un émetteur et un récepteur par le biais d’un canal, et que concrétise le code quand il est partagé par les deux acteurs, comporte deux grandes familles : la phéno-communication, et la crypto-communication. Si la première renvoie à la communication ordinaire, matérielle, concrète, palpable et visible, la deuxième, la crypto-communication est réservée. Elle est initiatique, ésotérique, sacrée, mystique.

Certains acteurs de la chaîne alors sont du monde invisible, de l’au-delà. Comment l’Ékañ, ce peuple bantu qui réside au Cameroun, au Congo, au Gabon, en Guinée Équatoriale, en Angola, à Sao- Tomé et Principe prétend-il en avoir une connaissance indiscutable? C’est grâce au Mvet, art épique millénaire révélé par EYO, Dieu, à OYONO ADA NGONO lors d’un coma proche de la mort, et ce, entre quatre et cinq mille ans avant notre ère. EYO lui révèle alors la cosmogonie, comment Il crée le monde et l’univers; la théogonie ou la hiérarchie divine; les arts et la science. L’Ékañ tient dès lors sa civilisation du Mvet.

EYO – Dieu; Emo Minlañ, et Bekôn: approche anthropologique de leur interrelation

L’Ékañ est originellement monothéiste. Et il est d’un monothéisme nonaïtaire. C’est-à-dire qu’il croit en un Dieu Unique mais en neuf. Neuf parce que le chiffre numéral de la femme c’est quatre; le chiffre numéral de l’homme quant à lui c’est cinq. C’est l’adjonction des deux qui donne le chiffre sacré neuf, celui de la plénitude. De l’avis de l’Ékañ, EYO est le symbole de la pureté, de la bonté, de la sainteté, de la puissance : tout superlatif positif absolu. L’être humain est alors le juste opposé. C’est le symbole de l’iniquité, de la souillure, de la luxure, de l’impureté. Dès lors, cette culture estime qu’il est inconvenant que l’infiniment sale, l’homme, ose s’adresser à l’infiniment parfait, Dieu. En revanche, l’ancêtre, ayant été purifié par la mort seul peut s’adresser à EYO pour le compte des vivants. Mais alors, qui est l’ancêtre ?

L’ancêtre: une question d’accession à un haut titre

Ce ne sont pas tous les morts que l’Africain considère comme étant des ancêtres. Il est une critériologie qui est la suivante :

  • être mort au moins à l’âge adulte
  • avoir essayé de mener une vie de juste et de bon
  • avoir marqué son passage sur terre par des faits responsables marquants
  • n’être pas mort des suites de suicide ou de maladie sociale.

Alors, la purification se poursuivant après la mort, l’on devient ancêtre cinq générations après sa mort.

L’ancêtre pour la marche vers l’émergence

Les ancêtres vivent dans l’au-delà. Disons qu’ils existent dans l’au-delà car ils ne vivent plus. Vivre étant respirer, boire et manger, rejeter, se reproduire. Les ancêtres sont des existants intelligents sans vie biologique (Fame Ndongo). L’au-delà est un espace-temps sans espace ni temps. Le passé, le présent et le futur y évoluent au même plan. L’ancêtre voit dès lors, et le passé, et le futur de son descendant, le vivant. Il peut le prévenir par la voie des songes, des dangers qui le guettent, comme il peut contribuer à sa prospérité, en termes de santé, en termes de succès professionnel ou conjugal. L’initié qui le sait, est un crypto-communicateur. C’est un voyant ou un clairvoyant; c’est un devin ou un mage qui pratique l’art divinatoire. Parce qu’il est en communion avec les ancêtres, les génies et les esprits, alors il fait recours à eux afin qu’ils conduisent la communauté vers un meilleur destin. L’on fait donc du bien aux “morts” pour les encourager à faire du bien aux vivants. Entre vivants et morts, il y a ainsi des relations d’aides et d’entraides (Mbonji Edjenguelé)

EYO, Dieu ne descendant jamais du ciel pour secourir les vivants, Il ne le fait qu’en passant soit par d’autres vivants, soit par les ancêtres. Tant que l’Africain ne se sera pas réconcilié avec sa spiritualité, celle où le pont avec le Créateur est l’ancêtre, sa quête pour l’émergence portera longtemps encore du plomb dans l’aile. Aucun peuple au monde ne s’est développé sur la base d’une langue étrangère, comme aucun peuple au monde ne s’est développé sur la base d’une culture étrangère, et aucun peuple au monde ne s’est développé sur la base d’une spiritualité étrangère.

 

BINGONO BINGONO

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