Parmi les merveilles et les sites historiques et mythiques de la Région du Sud, il y a Mbil Bekon ou, en français, « trou des fantômes ». Il s’agit d’un haut lieu d’histoire et de légende qu’il importe de découvrir. Il faut en effet oser la traversée de ce tunnel ténébreux pour se faire une opinion tant intimidante est l’expérience.
Logé dans une cacaoyère du village Nkoetyé, à seulement 18 kilomètres d’Ebolowa, Mbil Bekon est un trou souterrain d’environ 25 mètres. Véritable tunnel naturel découvert -selon l’office de tourisme d’Ebolowa- pendant la période coloniale allemande, le lieu servait alors de cachette aux autochtones de la localité. Ce fut non seulement une base arrière qui leur permettait d’échapper à la domination des colons, mais aussi leur refuge durant les guerres tribales et autres ‘’razzias‘’. La grotte dont la traduction française du nom Bulu est « trou des fantômes » est traversée par un ruisseau intarissable. L’entrée et la sortie de ladite grotte sont étroites alors qu’il suffit de se retrouver à l’intérieur pour se mouvoir aisément.
Selon les habitués, il faut marcher nu pieds et se munir d’une lampe torche en raison du caractère ténébreux des lieux lorsqu’on les visite. Des deux entrées que compte cette merveille jamais transformée par l’homme, une seule est usitée. Aux dires des autochtones, la deuxième entrée par contre, n’a jamais été explorée. Selon les statistiques d’Augustin Effa, guide touristique local, ce site enregistre en moyenne 50 à 60 visiteurs par an. Autour de ce « trou des fantômes », il règne un climat de mystérieux. Il se dit ici que le seul explorateur européen qui prit la direction du tronçon interdit n’en revint pas.
A la grotte de Mbil Bekon, il y a surtout le mystère de la tâche blanche. Il y en a toujours une sur le vêtement ou sur une partie du corps du visiteur après la traversée. Ce qui, ici, symbolise le contact avec les fantômes qui sont les propriétaires et les habitants invisibles de ce lieu mystérieux. La grotte héberge aussi une importante colonie de chauve-souris très prisées par les autochtones. Selon certains, la consommation de ces chauve-souris rendrait fertile. Toutes choses qui justifieraient la forte fertilité des habitants de Nkoetyé.
Mamelle nourricière, Mbil Bekon est considérée par les habitants de la localité comme une source de richesse. A des kilomètres à la ronde, le sol est fertile et propice à l’activité agricole. Ce qui fait de ce village, l’un des plus grands bassins de production de cacao dans le Sud.
LA FORCE DU MICRO
Situé dans le département de la Mvila, Arrondissement de Biwong-Bulu, Nkoetye est relié à la cité capitale du Sud par une route bitumée d’environ 18 kilomètres. Sa population est estimée à plus de deux milles âmes. Divisé en quatre hameaux, Nkoétyé est long de plus de 4km. Selon le patriarche Lawrence Joseph EKONO, le nom Nkoetyé tire ses origines d’une forge. Cette dernière avait longtemps servi d’atelier aux ancêtres pour la fabrication des outils de chasse et de coupe. Littéralement, Nkoetyé veut dire en français « tronc de fer ».