S’est-on jamais demandé pourquoi l’on dit que l’Adamaoua est le château d’eau du Cameroun ? Un voyage dans le petit village de Garga Libona, arrondissement de Meiganga, département du Mbéré permet de lever le gros lièvre. Ici se ravitaille un grand fleuve, mythique dans son versant sud, la Sanaga, qui se déverse ensuite dans l’océan Atlantique. Histoire d’eau, histoire au fil de l’eau. Le film…
Situé à 135 kilomètres de Ngaoundéré et à 35 kilomètres de Meiganga sur la Nationale numéro 1, le village Garga Libona est la source d’alimentation en eau des deux plus grands fleuves du Cameroun, la Sanaga pour le Sud-Cameroun et le Logone pour le Nord-Cameroun. Long de 950 kilomètres, le Logone traverse les villes de Bongor, Laï, Kousséri et N’Djaména, la capitale tchadienne, à sa confluence avec le Chari. Selon Sa Magesté BAORO GARGA, Chef de Garga Libona, « c’est ici le point zéro du fleuve Sanaga ; l’eau est sortie de terre ici à Garga Libona, faisant de l’Adamaoua, le château d’eau du Cameroun. Mais, c’est à Garga Libona, la mère nourricière, la source intarissable ». « Garga Libona, conclut-il, n’est donc pas seulement la source de la Sanaga, mais elle est aussi celle de l’océan Atlantique où se déverse la Sanaga. Sur la foi d’une légende fort répandue, il se raconte que, lors des guerres de religion au 18e siècle, le peuple Beti fut acculé et refoulé dans la forêt par des guerriers foulbés. Arrivé à la Sanaga, l’escouade Beti traversa le fleuve « à pieds secs ». Par miracle, survint un gros serpent mystique appelé « Ngan Medja » qui leur servit de passerelle et de bouée de sauvetage.
Un milieu pittoresque
Pour le touriste de passage, le paysage qu’offre Garga Libona est un espace de végétation féerique où les oiseaux gazouillent à tue-tête, où l’eau coule de source comme on dit ici, où le temps semble figé, tant le milieu est merveilleux. Difficile d’accepter que c’est de ce petit creux que naît la grande Sanaga reconnue dans le monde entier. Long de 918 kilomètres, le fleuve traverse quatorze départements de la république du Cameroun. Pour les populations de Garga Libona, constituées de Gbaya, fulfuldés, Kanouris, Mbérés et Mbororos, cette source est un don du Ciel.
Sa Majesté BAORO GARGA, notre guide, le déclare à hue et à dia : « Cette source est notre porte-bonheur. Des gens viennent de partout pour la visiter. Avant qu’on ne la valorise, le premier Président du Cameroun, AHMADOU AHIDJO, est venu à la découverte de la source ; il y est revenu, une autre fois, avec son ami, le Président centrafricain David DACKO. Beaucoup de ministres de la République sont passés ici, même notre idole du footballeur international, Roger MILLA. Les femmes du Cercle des Amis du Cameroun (CERAC), une association caritative, fondée par la Première Dame camerounaise, Chantal BIYA, et même des étudiants et enseignants des Universités… beaucoup de gens y viennent comme en pèlerinage. Les voyageurs de passage en ont fait un arrêt obligatoire. Après avoir garé leurs véhicules, ils se précipitent vers la source, qui pour étancher sa soif, qui pour faire le plein de ses bidons. Des travaux d’aménagement sont en cours dans le but de faire de Garga Libona un haut lieu touristique et de pèlerinage religieux parce grande merveille divine sur terre.
Bénédiction et rentabilité
Selon les habitants du village, la source est protégée de façon naturelle contre des personnes malveillantes. Le vigile est en effet un reptile tout particulier, de couleur vert-rouge-jaune, les couleurs de la république. Le serpent-totem ne se montre aux populations que lors des grandes cérémonies, telles que la fête nationale de l’Unité ou encore lors des grandes disparitions. « Il y a beaucoup de pouvoirs dernière tout cela, nous confie notre guide. C’est la raison pour laquelle les gens viennent ici; certains ne se pointent que la nuit. La source est par conséquent protégée par ce serpent aux couleurs du drapeau national ». De ce village, poursuit-il, deux grands fleuves prennent leur source : le Logone de l’autre côté, et la Sanaga ». Le plus important pour nous, c’est la Sanaga qui commence au Cameroun et finit au Cameroun. Or le Logone part d’ici et poursuit sa course au Tchad », conclut-il. Agréable à boire, inodore, incolore, l’eau d’ici est une eau de source. Elle est bel et bien potable. Bien exploitée, la source d’eau vive pourrait être bénéfique à tous les riverains et voyageurs de passage. Appel est par conséquent lancé aux pouvoirs publics afin que cette manne du ciel soit à la portée de tous les Camerounais et profite à l’économie camerounaise.
MEKERINOS BEDE