La fête du coq appelée « Féo-kagué » par les Toupouri est une fête traditionnelle célébrée chaque année, entre septembre et octobre. Le début de ladite fête est décrété par le chef supérieur et spirituel -le Wang Doré[1]- qui est considéré comme le symbole, l’incarnation et le garant de la tradition Toupouri. S’il est vrai que c’est à l’occasion de cet important évènement que les sacrificateurs implorent les bénédictions divines et invoquent les dieux afin qu’ils exorcisent les maux qui minent la société, il n’en reste pas moins vrai que le « Féo-Kagué » tant chez les Toupouri que chez les Kéras (Tchad et Cameroun), a une autre signification : il marque la célébration du nouvel an.
[1]Il est basé à Doré, au Tchad, à 7 km de Fianga, dans le département du Mont d’Illi.
Célébrée le 15 octobre 2021, la dernière édition en date fut présidée, comme de tradition, par Gabbélé Haoussala, le chef spirituel des Toupouris et des Kéras. L’année d’avant, elle eut lieu le 6 octobre. En 2022, on s’attend à un glissement exceptionnel du calendrier du fait de la disparition de Sa majesté Dakolé Daïssala, l’un des grands défenseurs de la culture Toupouri. Doit-on l’inhumer avant ou après le Nouvel An Toupouri ? Sur ce sujet, le comité d’organisation des obsèques de l’ancien Ministre d’Etat, Sénateur à son décès, n’a pas encore accordé ses violons. En tout cas, la sortie solennelle du Chef spirituel à cette occasion est un moment très attendu et très couru. Le ‘’Wan Doré’’ saisit en effet souvent cette opportunité pour fustiger les écarts des comportements de ses peuples. Il peut s’agir des crimes, des bagarres, des cas d’adultère, de la paresse, bref tout ce qui dévalorise les peuples Toupouris et Kéras.
Cette tradition peut être assimilée à une sorte de palabre où les populations viennent confesser, face au public, les travers vécus ou subis dans la société tout au long de l’année écoulée. Par la suite, le patriarche saisit un coq et une poule à égorger. Il invoque d’abord les dieux des Toupouris et des Kéras ainsi que l’Eternel Dieu Tout Puissant afin qu’ils fassent tomber une pluie de bénédictions sur l’ensemble de ses populations tout au long de la nouvelle année. C’est après cela qu’intervient le cérémonial de l’immolation du coq. Par la suite, le patriarche se fait servir une calebasse de ‘’bil bil’’, boisson traditionnelle tant prisée en pays Toupouris. C’est après ce rituel que la population prend congé du lieu sacré. Chaque chef de famille peut alors retourner chez lui et perpétuer le rituel.
Le nombre de coqs à égorger dépend non seulement de la taille de la famille, mais aussi de la quantité de volailles que le chef de famille peut avoir à sa portée.
C’est après ce coup d’envoi lancé par le chef spirituel basé dans la bourgade de Goré au Tchad que les Kéras et les Toupouris peuvent alors prendre le relai. On comprend pourquoi cette fête de Nouvel An peut s’étendre sur des semaines.
Avant le jour prévu pour la fête, le chef spirituel demeure cloîtré dans sa case pendant trente jours pour ne voir ni le soleil, ni la lune. Parallèlement,
ses peuples observent le carême qui est un moment de prise de conscience, de purification, de sanctification et de changement de comportement vis-à-vis du prochain.
Le jour J, la population se réunit devant la concession du chef traditionnel et attend le début des cérémonies. Drapé dans son uniforme d’apparat et entouré de sa garde, le chef apparait sous des acclamations. Il s’installe ensuite sous l’arbre à palabres où les populations passent tour à tour à la confession publique des péchés. Pour la rémission des péchés, le chef égorge l’un des plus gros coqs de sa basse-cour, bénit le village et tous les agriculteurs puis d’un geste majestueux, il frappe le titir et le kleré (instruments traditionnels d’alerte) qui annoncent qu’il est temps de sacrifier les coqs. Après ceci, la fête commence.
Pendant le féo-kagué, le peuple Massa présent dans le grand Mayo-Kebi (Tchad) et dans le Mayo-Danay (Cameroun) respecte une pratique culturelle connue sous le vocable Gourouna et commune aux Toupouri et aux Massa. Le Gourouna qui est une danse est en réalité une école de vie, un apprentissage des codes moraux et sociaux, un mélange de danses, de musiques, de sport, de musiques, etc.
Au milieu d’une grande cour, les hommes habillés en tenue traditionnelle ou torse-nu jouent du tam-tam. Au rythme du gourna ou du waiwa (danse traditionnelle toupouri), l’un étant un long poème de chants pour dénoncer les maux de la communauté et l’autre une danse spéciale qui est pratiquée après les récoltes. Les danseurs démontrent alors au public la maîtrise du rythme appris. Pendant que les corps s’agitent au rythme des chansons, la consommation du bil-bil (vin local à base du mil) bat son plein, à défaut, la fête n’est pas réussie en ce jour de fête qui permet de célébrer parallèlement la fin de l’initiation pour certains jeunes.
Le peuple toupouri qui pratique la fête de coq est originaire des départements du Mayo-Danay et du Mayo Kani, dans l’extrême-Nord Cameroun avec des ramifications au Tchad et dans le continent africain. Les Toupouri sont des guerriers, des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs au Tchad autour des lacs de Tikem, de Fianga et le long du cours d’eau nommé Mayo-Kebi. Ils célèbrent le Féo-kagué depuis quinze générations environ pour marquer la fin d’une année et le début de l’autre sur la base du calendrier Toupouri.
On raconte que le coq est choisi comme totem par Wang Doré pour invoquer les esprits mo’obe (les ancêtres) et So‘oba (les dieux). Le coq est considéré comme divin parce qu’il aurait suivi les directives des esprits. Le chef utilise le coq pour que ce dernier intercède auprès des esprits afin que ceux-ci interviennent à leur tour pour la protection de toutes les familles mais aussi pour que la pluie soit abondante, pour que le sol soit plus fertile et afin que les récoltes soient meilleures.
Le rituel consiste à égorger un coq et à le faire tourner autour du foyer aménagé pour la circonstance avant de le lâcher. Le côté sur lequel se couche le coq après s’être débattu est très important. S’il se couche sur la gauche, c’est l’annonce d’un malheur. S’il se couche sur la droite, il marque un événement heureux. Réalisé avec succès, le geste s’accompagne toujours des prières, d’un message de dialogue, de réconciliation et de bonheur.
NDJI GUITOUOLI
DES FIGURES, DES RECHERCHES ET DES VISAGES…
Doual'Art est un haut lieu de révélation pour nombre d'artistes autant qu'il a contribué à faire connaître le potentiel artistique de Douala, ville réputée être une cité d'affaires par excellence.
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