Rhumsiki, vol au-dessus des pics volcaniques
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Paysage lunaire. Vue spectaculaire. Vingt huit pics montagneux dans la plaine Kapsiki… Rhumsiki est un village pittoresque, situé à 55 km de Mokolo, chef-lieu du département du Mayo-Sava. C’est aussi une grande curiosité touristique et une étape incontournable du circuit touristique dans la région de l’Extrême-Nord, au Cameroun. À visiter.

« De toute ma vie, je n’ai jamais vu quelque chose de si beau, de si doux et de si  fantastique. J’ai l’impression d’être au bout du monde. Je n’arrive pas à croire que c’est au Cameroun. Mon Dieu, c’est vraiment magnifique ». En quasi extase, Liliane, 30 ans, visiblement envoutée par le décor naturel qu’offre le Rhumsiki, découvre avec beaucoup de bonheur, pour la toute première fois, cette localité nichée au cœur du pays kapsiki dans les Monts Mandara. Le paysage est à couper le souffle avec la vue spectaculaire qu’offre la plaine kapsiki, parsemée de ses 28 immenses pics volcaniques qui tutoient les cieux. La plus célèbre des 28 couronnes est le pic de Rhumsiki. Grâce à son emplacement en haut d’un plateau et la présence des vallées, des pics de roche nus, Rhumsiki fait rêver plus d’un. La succession des pics montagneux soigneusement mis en place par un architecte invisible, éblouit particulièrement le visiteur et lui permet dans le même temps d’avoir des panoramas uniques. Ce petit coin de paradis est en effet un haut lieu incontournable dans le circuit touristique au Cameroun. La beauté quasiment magique de ces paysages apaise le corps et détend l’esprit. Rhumsiki est ainsi devenu au fil des ans, une véritable merveille touristique qui exerce une certaine attractivité sur les touristes nationaux et même internationaux qui choisissent cette destination de rêve : « c’est une expérience mémorable et merveilleuse ; un cadre de détente de qualité au contact de la nature. Ces chaines de montagnes isolées qu’on voit ici sont en quelque sorte des petits pays. Je dirais même des univers à part entière. A Rhumsiki, l’on vit pleinement l’aventure en toute quiétude », témoigne Yampelda, une autre touriste rencontrée sur les lieux.

 

La porte étroite

Comme les voies qui mènent au ciel, l’accès au site lunaire de Rhumsiki est jonché d’obstacles. Il exige quelques sacrifices. Pour parcourir les 55 kilomètres qui séparent Mokolo du site de Rhumsiki, il faut environ 5h de voiture avec en prime une montée par une piste caillouteuse et sinueuse. C’est un véritable concours de patience. Mais, tous ces efforts trouvent leur récompense au bout du parcours : « Nous avons principalement à Rhumsiki, les roches, les pics. Nous avons aussi ce paysage lunaire qui a été décrit par l’écrivain et explorateur André Gide comme étant l’un des plus beaux au monde. Nous avons aussi un village artisanal, de la forge ainsi que de la poterie. Dans la liste des attractions de Rhumsiki, il est possible d’intégrer la danse rhumsiki qui est considérée comme l’une des danses les plus rythmées et spectaculaires de l’Extrême-Nord », indique Kodji Deli, le délégué régional du tourisme et des loisirs pour l’Extrême-Nord.

Rhumsiki, c’est en outre un village avec une vue impressionnante. Passer une journée ici est une occasion idéale pour faire des treks. Pour couronner le tout, le campement de Rhumsiki propose un hébergement rustique qui  plonge les touristes dans un conte de fée. « Cet espace d’hébergement a été créé en 1959 et dispose de 13 boukarous, 26 chambres et une trentaine d’employés. Depuis que cet établissement a ouvert ses portes, nous avons reçu pas mal de touristes du monde entier », renseigne  Jean Bottock, le gestionnaire du campement. Seulement depuis 2013, date du début des exactions terroristes de Boko Harram dans la région, l’activité touristique dans cette partie du pays tourne au ralenti. Les touristes se font rares et cela a des répercussions sur le quotidien des populations parce qu’une partie de l’économie à Rhumsiki est basée sur l’activité touristique. Face à cette situation, les pouvoirs publics et les partenaires au développement ne baissent pas les bras pour redonner au tourisme sa santé d’antan. Les populations, de leur côté, multiplient des  opérations de charme et de séduction à l’effet de promouvoir le tourisme interne. Après plusieurs années d’insécurité, la vie a aujourd’hui repris droit de cité à l’Extrême-Nord, et Rhumsiki cherche à retrouver son aura d’antan.

 

KEZA VONDOU

Profession : guide touristique

Depuis des lustres, de nombreux jeunes de Rhumsiki exercent le métier de guide touristique : « j’ai appris le métier de guide touristique depuis l’âge de 22 ans en accompagnant juste les touristes et cela fait  quasiment 20 ans que je le pratique. J’étais tout d’abord berger et après, j’ai commencé à suivre les touristes et à porter leurs affaires. On me payait 350 Francs CFA/la journée. Grace à ces balades avec les touristes, j’ai fait la découverte des 25 villages kapsiki, côté camerounais,  et des 3 autres du côté nigérian. Ce qui m’a permis de bien maitriser les coins et recoins de Rhumsiki et même la cuisine locale. Le plus important, c’est que, c’est grâce aux touristes que j’ai appris à parler le français ». Joseph Vandi, guide local expérimenté à Rhumsiki parle de sa passion de 20 ans avec la même ferveur que lors de ses débuts. Tous les jeunes de Rhumsiki  proposent généralement leurs services aux touristes en français, en anglais ou encore en espagnol. Ces langues sont apprises juste au contact des étrangers en séjour touristique dans le coin. A Rhumsiki, ces guides touristiques autodidactes maîtrisent aussi les détails de l’histoire du peuple Kapsiki, groupe ethnique de la région de l’Extrême-Nord majoritaire à Rhumsiki : « nos parents nous ont dit que Rhumsiki a été fondé par un chasseur qu’on appelait Siki. Il était natif de ce haut plateau. A cette époque-là, son village était surpeuplé et il y avait aussi la famine ; il a donc décidé de s’exiler et c’est ainsi qu’il a fait la découverte de Rhumsiki ; le lieu où nous nous trouvons actuellement » précise Joseph Vandi.

Les guides qui sont de véritables acteurs économiques proposent aussi divers services qui permettent de faire une immersion complète sur la terre des kapsiki.

K. V

Rhumsiki et son « sorcier aux crabes »

 

Rhumsiki, la belle aux pics, tire aussi sa réputation mondiale de son célèbre sorcier aux crabes. La soixantaine assumée, grâce à des rituels dont lui seul détient jalousement le secret, le "sorcier aux crabes" est capable de prédire l’avenir en sa langue mais non en français. «A l’époque, ces prédictions étaient faites au niveau du village pour voir si la production agricole sera bonne ; si la saison sera bonne, etc. Désormais, l’arrêt chez le sorcier aux crabes est une étape incontournable pour les touristes », affirme Kodji Deli. Aujourd’hui, les clients du "sorcier aux crabes" ne sont pas seulement les habitants de Rhumsiki ; les populations des contrées voisines ont aussi recours à ses bons services. Le  temps d’une escapade à Rhumsiki, les visiteurs profitent de cette aubaine pour un tête-à-tête avec ce sorcier atypique de par son accoutrement et sa stature. Toutes choses qui font de lui une des personnes les plus respectées de Rhumsiki.

Ce don de prédiction de l’avenir est transmis  de père en fils dans la caste des forgerons de Rhumsiki. L’exercice est tout simple et se fait sur la base du déplacement des crabes. Tout en prononçant quelques formules incantatoires incompréhensibles, le sorcier fait alors tournoyer ses crustacés, placés au centre d’un cercle de petits bâtonnets au fond d’un récipient en argile. Quelques minutes plus tard, s’enchaîne alors la phase d’interprétation du mouvement des crabes et des bâtonnets. En fonction de la manière dont bougent les crabes, le sorcier est à mesure de vous dire si votre futur sera rose ou sombre.

 

K. V

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