Les récits et les témoignages relatifs tant à l’histoire qu’à l’évolution de la ville de Yaoundé sont divers. Depuis 1888 en effet, cette cité vallonnée est régulièrement scannée par des chercheurs, par des touristes et par des écrivains avides de témoignages, férus de textes anciens et amateurs de pittoresques souvenirs touristiques. Voici le Yaoundé vu tant par Georg Zenker (1922) que par les observateurs contemporains.
Occupée par les Ewondo au moment où débarquèrent les allemands dont l’administration est à l’origine de la fondation de la ville, Yaoundé fut finalement structurée sous mandat français. Cette cité dont les pygmées furent les premiers occupants est en réalité le fruit d’une histoire riche et complexe. Après la vague migratoire venant du nord, les Pygmées reculèrent plus au sud et laissèrent la place aux Bassa. Tous les récits migratoires des anciens concordent à ce sujet et reconnaissant aux Bassa encore appelés « Mveuleu » par les Ewondo, l’occupation du site avant les Beti. C’est la raison pour laquelle demeurent certains souvenirs bassa au rang desquels les quartiers Simbock, Bekoko (au lieu-dit Lycée d’Emana, juste en face de la présidence de république, qui abrite encore les souches des populations Bakoko qui y étaient installées avant l’occupation Ewondo).
Selon les estimations de certains chercheurs et anthropologues, c’est entre 1750 et 1790 que les Ewondo conquièrent les sites de Yaoundé dont l’histoire amorcera un tournant décisif en 1888. Lorsque les allemands débarquent sur la côte atlantique, précisément par Kribi, une expédition conduite par KUND et TAPPENBECK sur la base du principe de l’hinterland cherche à découvrir l’intérieur du pays. L’un des membres de l’équipe ayant croisé la mort en chemin, l’équipe cherche un endroit pour l’inhumer. Le refus des populations est alors catégorique. Lorsque les allemands arrivent à Nkol-Atom, ils sont très bien accueillis par ESSONO ELA qui, pris de compassion, leur présente un endroit pour inhumer le corps qu’ils trainent. C’est ainsi que le cimetière allemand -qui existe encore aujourd’hui juste à côté du ministère des finances- sera créé à cet endroit précis.
Très émus par cet accueil chaleureux d’ESSONO ELA, les allemands décident d’en faire un ami et s’installent. Ils construiront par la suite un fort, une maison entourée d’une barrière et qui fera office de station scientifique qu’ils nommeront Epsumb station. Ce nom évoluera par la suite et deviendra tantôt Ntsonum station et, après, Zonu station. En réalité, les allemands ne réussissaient pas à bien articuler au moment de prononcer le nom Essono. Epsumb, ntsonum ou Zonu station sont de ce fait des variantes signifiant tout simplement : ESSONO Station ou encore la station située chez ESSONO ELA.
Cette station, mieux ce bâtiment entouré de barrière deviendra très rapidement une curiosité et un lieu de référence pour les populations autochtones qui découvrent une autre d’architecture et un autre mode de vie. L’affluence se fait de plus en plus grande autour de cet édifice qui deviendra un lieu de rencontres et d’échanges. Les activités de commerce se développeront tout autour, ce qui fera de cet endroit un repère que les populations autochtones appelleront « Ongola », ce qui signifie « barrière » en langue Ewondo. Les populations lointaines l’appelleront quant à elles « Ongola éwondo » soit « le bâtiment avec barrière ». Pour signifier non seulement le site mais aussi le peuple qui occupe les lieux, les allemands qui ne maîtrisent pas la prononciation des autochtones, écriront « jaunde » en lieu et place de « Ewondo ». Après le départ des allemands, les français occupent les lieux. Ils se réfèreront aux documents allemands et remplaceront le « j » par le « y ». C’est ainsi que le « Yaunde » de l’ère allemande deviendra « Yaoundé » pendant l’occupation française .
La religion, nkol-atom et Ongola éwondo.
Plus tard, les missionnaires Palotins allemands d’une part puis André FOUDA d’autre part joueront un rôle très important pour l’implantation de la religion catholique romaine à Yaoundé. Les pères Palotins ont en effet fondé la mission catholique de Mvolyé. Plusieurs missions et églises seront ensuite construites sous l’impulsion d’André FOUDA, à l’exemple de la cathédrale notre dame des victoires de Mfoundi-Assi et de la grotte mariale du mont Fébé.
Le nom de la capitale, sur le plan chronologique, évoluera comme suit : Nkol-Atom, Zonu station, Ongola Ewondo, Jaunde, Yaoundé et la ville aux sept collines.
Yaoundé est bâti en zone forestière, à 750 mètres d’altitude, à 200 km de la côte de l’océan atlantique, entre le 3° 52’ de latitude nord et 11° 31’ de longitude Est. Disséqué, raviné et découpé par des collines aux versants complexes (A. Franqueville, 1970), le site est construit sur des mouvements de terrain séparés par des vallées relativement larges, profondes et marécageuses, creusées par des collecteurs des eaux de ruissellement que sont la rivière Mfoundi et ses nombreux affluents.
Capitale du Cameroun, la ville de Yaoundé est entourée de forêts et bénéficie d’un climat de type subéquatorial tempéré, peu sujet aux variations de température brusques. Il y fait généralement frais. La température oscille entre 18°c et 28°c en saison humides et entre 16°c et 31°c en saison sèche. L’amplitude thermique annuelle est de 2,4°c et la moyenne pluviométrique avoisine les 1565 mm par an. Ici, les quatre saisons sont inégalement réparties : la petite saison de pluie (mars à juin), la petite saison sèche (juillet à aout) ; la grande saison de pluie (août à novembre) et enfin la grande saison sèche (novembre à février).
Contrairement à la plupart des capitales africaines nées d’anciens comptoirs d’esclaves et de leur position en bordure de mer, Yaoundé doit son choix comme poste militaire allemand puis comme capitale du Cameroun à des raisons d’ordre météorologiques. A ce propos, J. Mollard (1950) écrit : « ce serait la seule d’Afrique intertropicale qui devrait sa fortune, du reste modeste, à des considérations de confort européen plutôt qu’aux exigences de commerce ». En plus, l’intense activité sportive développée à Yaoundé fait de cette ville l’une des plus grandes cités disposant d’imposantes infrastructures sportives de haute qualité au niveau du continent africain. Le football est le sport le plus populaire de la capitale qui dispose de deux stades homologuées par la Confédération Africaine de Football (CAF) et la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) : Le stade omnisport de Mfandena et le nouveau stade d’Olembé.
La boxe, le handball, le tennis de table, le basket, les arts martiaux, le volley ball… bénéficient aussi d’un complexe sportif dont la ville peut s’enorgueillir : le palais des sports de Warda et les équipements ultramodernes qui lui permettent d’accueillir chaque année des compétitions continentales et mondiales. Sur plus de 20 hectares de l’un des flancs du mont Fébé, les amateurs de golf disposent d’un bon terrain de golf (18 trous) d’Afrique.
Les terrains de tennis ne sont pas en reste. On en dénombre plusieurs dont les plus connus sont situés à l’hôtel de ville (quartier hippodrome) au quartier Messa (près du lac municipal), aux hôtels mont Fébé et Hilton, au quartier Yannick qui est une initiative privée du l’ancien champion de tennis et vainqueur de Laurent Garros, Yannick Noah. Enfin, le parcours VITA, espace aménagé par l’Etat, enregistre l’affluence croissante des amateurs de sport.
A la suite de l’exode rural, de la croissance démocratique consécutive au développement de la cité, Yaoundé a vu naître de nouveaux quartiers au point de s’étirer vers des villages qui en deviennent des quartiers. Reste que, sur le plan historique, cette ville capitale comptait une dizaine de sites dont les noms en disent long.
Des sites aux quartiers
L’ancien aéroport devenu une base aérienne est l’ancien quartier « mvog Belinga » dont les premiers occupants appartenaient au clan BENEU. C’est en 1934 que les autorités décidèrent d’y construire un aérodrome sur une superficie de 86ha 95a 41ca. Le 25 décembre 1937, la piste put finalement accueillir le premier avion. Non loin de là, à vol d’oiseau, s’étale Elig Obama Ongola, dit Ahala, nom éwondo qui signifie « ici, à ce endroit-ci ». Ahala indique le lieu définitif où se sont installés certains descendants Mvog Ada, ceux du clan Edzoa et particulièrement la descendance du neveu d’ESSONO ELA, le chef ONAMBELE MBAZOA.
Considéré comme le quartier huppé de Yaoundé, Nkol Bikumba est devenu Bastos lorsqu’en 1946, un expatrié espagnol nommé Juan Bastos y installa une usine de manufacture de tabac. La création de cette usine suscita la construction de belles résidences d’abord concentrées autour de l’unité industrielle. Vers les années 1970, le nouveau quartier s’agrandit progressivement parce que les autochtones vendent leurs terres à des particuliers qui construisent de belles villas entourées de jardins et occupées par des personnes de la haute société. Aujourd’hui, ce quartier abrite la quasi-totalité des représentations diplomatiques et organismes internationaux.
Plus loin, Ekudu, plus connu sous le vocable Briqueterie, est l’un des plus anciens quartiers de la cité capitale. En 1895, le major Hans Dominick fit installer un four destiné à la fabrication des tuiles et des briques de terre cuite. L’endroit prit le nom briqueterie et ce quartier est, depuis sa création, le lieu d’accueil des immigrés. On y retrouve des sénégalais, des nigérians, des tchadiens, des centrafricains, des nigériens, des ivoiriens, des ghanéens, etc. Compte tenu de la concentration des activités économiques informelles en ce lieu, ce quartier est considéré comme « très chaud ». Cette réalité tranche d’avec le Centre commercial où, entre 1955 et 1970, les immeubles, les magasins et les boutiques se multiplient au point que la communauté urbaine d’alors construit un grand bâtiment abritant des boutiques que l’on appellera le marché central de Yaoundé. Parce que l’on y trouve pratiquement tout ce qui est commercialisable, le marché central est devenu l’un des poumons économique de Yaoundé.
Lorsque l’Etat du Cameroun décide de construire un camp d’habitation de type HLM avec la volonté réelle de conserver la végétation par l’arboriculture entre les bâtiments pour embellir le paysage, il crée la Cité Verte où l’espace vert entre les bâtiments donne au lieu l’aspect d’une cité-jardin au charme indéniable. Rien à voir avec Essos qui est devenu le quartier des délocalisés car, en 1975, un décret d’expropriation priva les autochtones Mvog Mbi de leurs terres qui furent confiées à la communauté urbaine en vue de l’aménagement des zones de recasement des déguerpis du péricentre. Non loin de là, Etoa Meki rappelle des souvenirs douloureux et porte en lui les stigmates de la période coloniale allemande. L’histoire raconte qu’en ce lieu, l’administration allemande, sous l’ordre de Hans Dominick, massacra des Mvog Ada qui furent décapités. La mémoire collective en retint les flots de sang qui coulèrent lors des exécutions et qui formèrent pratiquement une marre, d’où le nom du quartier Etoa Meki qui signifie la mare de sang.
Le quartier Etoudi a par contre reçu son nom du clan autochtone qui occupe le lieu. Il désigne par aussi le palais présidentiel du Cameroun encore appelé « palais de l’unité » et qui est implanté dans ce quartier. Etoudi abrite entre autres, un grand marché, l’une des plus anciennes paroisses catholiques de Yaoundé, des établissements scolaires catholiques, des congrégations religieuses (le carmel du Christ-roi, les Filles de Marie, etc.).
Le quartier Etoudi a par contre reçu son nom du clan autochtone qui occupe le lieu. Il désigne par aussi le palais présidentiel du Cameroun encore appelé « palais de l’unité » et qui est implanté dans ce quartier. Etoudi abrite entre autres, un grand marché, l’une des plus anciennes paroisses catholiques de Yaoundé, des établissements scolaires catholiques, des congrégations religieuses (le carmel du Christ-roi, les Filles de Marie, etc.).
Chez les Ewondo, Feb (fébé) signifie la fraicheur. Littéralement, mont Fébé signifie les hauteurs de la fraîcheur ou encore la colline du froid. Cette colline qui culmine à plus de 1077m d’altitude a été classée zone à écologie fragile par la mairie de Yaoundé. Son environnement forestier reste préservé, ce qui y favorise un environnement très sain et de l’air pur. Depuis 1961, le mont Fébé est notamment un espace de prière, un lieu de pèlerinage (grotte mariale). C’est aussi le siège de la nonciature apostolique pour l’Afrique centrale. Ici ont résidé les papes qui ont visité le Cameroun. Dans cet espace, l’hôtel mont Fébé, ses terrains de golf et de tennis contribuent à rehausser les charmes de ce quartier calme et très attrayant.
L’industrie culturelle tarde à prendre véritablement son envol. Toutefois, on note la foultitude de cabarets et la forte présence tant de l’institut français que de l’institut Goëthe, deux espaces incontournables qui sont les principaux lieux d’expression culturelle régulière à Yaoundé. Ils sont aussi les endroits où le théâtre, le cinéma, la musique, la danse, les expositions et les vernissages se succèdent. Ils abritent aussi les bibliothèques les plus fréquentées de la cité à côté de la fondation Paul Ango Ela qui propose une documentation de qualité grâce à sa bibliothèque bien fournie.
Enfin, l’offre muséale s’agrandit de plus en plus avec la création de nouveaux musées. Toutefois les deux principaux musées sont le musée national de par son histoire et le musée ethnographique des peuples de la forêt dont la riche collection est tout aussi impressionnante que son cadre est très reposant. La blackitude, le musée des bénédictins du mont Fébé, le musée Elembé de Nkoabang sont aussi de bons espaces de conservation du patrimoine local.
Quelques dates importantes
- Les Bekoe (pygmées) sont les premiers habitants de la zone occupée par Yaoundé
- Les peuples Mveuleu (bassa) feront reculer les pygmées par la suite
- 1750 – 1790, arrivée et installation des Beti
- 1888 (15 janvier), les officiers prussiens KUND et TAPPENBECK découvrent Yaoundé
- 1889, ESSONO ELA, appelé Zonu par les allemands, accueille KUND à Nkol Atom, actuel centre administratif.
(17 février), fondation de la station scientifique dénommée epsumb, zonu et tsonum station, qui signifie la station de chez ESSONO ELA. Cette station scientifique sera très rapidement transformée en poste militaire, base d’expédition utilisée pour la conquête du nord du pays.
- 1890 (30 juin), ESSONO ELA est nommé premier chef local par CURT MORGEN et reçoit le titre de major.
- 1895 (04 juin) HANS DOMINICK devient le troisième chef de poste de Yaoundé
Quelques jours plus tard, HANS DOMINICK, afin d’assoir son autorité, infligera publiquement 25 coups de fouet au grand chef, notable et patriarche ESSONO ELA, devant ses femmes, ses enfants et ses sujets.
(15 décembre), début de l’insurrection des Mvog Betsi, sous la conduite de ONGBA BISSOGO, en réaction aux mauvais traitements et aux humiliations infligés aux notables ewondo (Mvog ada) par HANS DOMINICK.
- 1896, construction de la première maison à niveau et en matériau définitif par HANS DOMINICK, maison qui existe encore aujourd’hui et qui abrite la délégation régionale de ministère des arts et de la culture, située derrière le ministère des finances
- 1899, ESSONO ELA meurt. Son fils DZOU ESSONO alias MBOA MANGA lui succède
- 1907 (11 avril), soulèvement des Mvog Ada, mené par ONAMBELE NKOU. Il s’en suivra un massacre général et la décapitation de beaucoup de chefs et notables Ewondo par l’administration allemande. La mémoire collective retiendra de ce massacre le flot de sang qui formera une marre (Etok-meki) dont tout un quartier héritera du nom devenu par la suite Etoa-meki.
- 1914, la première guerre mondiale éclate
Les populations autochtones s’allient aux français afin de régler les comptes avec les allemands, en souvenirs des mauvais traitements ;
- 1915 (1er janvier) les alliés entrent à Yaoundé
- 1916 (20 février), capitulation de Yaoundé, lors de la première guerre mondiale. Les allemands partent de Yaoundé et se retirent à rio muni espagnol (actuel guinée équatoriale)
- 1939, premiers travaux de bitumage des routes de Yaoundé
- 1955, (18 novembre), Yaoundé devient commune urbaine de plein exercice.
- 1956 (26 novembre), Les premières élections municipales ont lieu. ANDRE FOUDA est élu premier maire noir de la ville de Yaoundé.
Monuments et sites touristiques
Les monuments et les sites historiques ne sont pas en reste :
- Le monument de la réunification au quartier Ngoa ekele
- La croix de Loraine, symbole de la résistance française en face de la trésorerie centrale
- La place de l’indépendance à l’hôtel de ville
- Le monument de l’unité africaine
- La statue de Charles Atangana
D’intéressants sites sont implantés dans plusieurs endroits :
- Le zoo de Mvog Betsi en face de la hgarde présidentielle au quartier Melen
- Le site touristique Eco parc au quartier Ahala.
- Le lac municipal pour le sport nautique
- Les hauteurs du mont Fébé et du mont Mbankolo, de Nkol Odom, du mont Eloumden font l’objet de belles randonnées pour les touristes.
- Le « bois saint Anastasie » situé au quartier Warda est un jardin bien aménagé au cœur de la capitale, véritable havre de paix avec son ombrage
- Le parc CHARLES ATANGANA, en face du lieu-dit « Sonel central »est un jardin aménagé
- Le site du palais des congrès, qui offre une verdure luxuriante parsemée de longues allées ombragées
- Les cascades du Mfoundi
- La grotte mariale du mont Fébé